Gestion homéopathique
- Val B.Labbé
- 20 déc. 2023
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mai 2024

J’aime la gestion d’une main de fer dans un gant de velours sur une rythme de smoothjazz.
Mon approche est homéopathique.
Je n’aime pas forcer les choses. J’aime qu’elles se fassent en douceur. Doucement, mais sûrement. De manière réfléchie.
Pour imager ce que je pense je commencerai par un exemple concret:
Imaginons que je suis devant une porte que je ne parviens pas à ouvrir. Je ne chercherai pas à forcer cette porte.Je vais chercher à comprendre comment elle fonctionne quand elle fonctionne normalement, et puis je vais me demander pourquoi elle ne fonctionne pas actuellement. Je vais chercher ce qui bloque pour essayer de le débloquer.
Si j’avais essayé de forcer je me serais certainement énervée. J’aurai cherché des coupables. Mon agacement et peut-être même ma colère auraient sûrement effrayé et mis mal à l’aise les gens autour de moi. En tirant et en forçant j’aurai sûrement endommagé cette porte. Je l’aurai peut-être même brisée. J’aurai laissé des traces et je n’aurai peut-être même plus pu l’utiliser. Je m’en serai voulu. Je me serai sentie coupable. Poche.
C’est plus facile de parler de porte que de parler d’humain. Alors j’ai commencé par vous parler d’une porte qui ne s’ouvrait pas.
Dans le métier de gestionnaire, des humains qui ne s’ouvrent pas, qui bloquent et qui refusent d’être accessibles, on en rencontre souvent.
Comme dans mon image, je veux apprendre leur façon d’être quand ils ne bloquent pas. Je veux savoir ce qui les a fait bloquer. Je veux comprendre pourquoi. Et, enfin, je veux les débloquer pour leur permettre de fonctionner.
Dans une entreprise, un élément qui bloque, bloque tout l’engrenage et ralentit la productivité. Quand je parle d’engrenage, je parle d’équipe bien sûr.

Je vous raconte une petite histoire : J’arrive dans une entreprise ou l’équipe vient de perdre son énième direction en quelques années. On parlait de force au début de ce post et c’est cette force qu’à utilisé la dernière direction en date pour faire avancer cette équipe. On est donc en présence d’employés fragiles et désabusés.
Un d’entre eux décide que ça suffit et amène toute l’équipe à se syndiquer. J’occupe le poste de direction par intérim avec le mandat de rétablir un climat de travail qui éventuellement pourrait retarder la signature de la convention collective.
Vous vous souvenez, dans mon dernier post, je vous parlais de bienveillance. Je vous disais combien la bienveillance était un excellent outil pour rétablir la communication et le respect en équipe et pour faire valoir son leadership.
J’avais besoin de connaître l’équipe. Je devais comprendre les frustrations et les ambitions de cette équipe. J’avais aussi besoin de découvrir les points névralgiques qui avaient poussé le nouveau délégué “ presque” syndical à prendre l’épée et l’armure pour partir en guerre contre la direction.
Alors j’ai écouté, écouté et écouté encore.
Ils en avaient marre d’être entendus de toutes façons. C’est d’être écoutés, respectés, considérés et valorisés dont ils avaient besoin.
Après quelques mois d’écoute, il a été naturel et facile d’établir un lien avec l’équipe.
Compte tenu du fait que j’étais à la table des négociations, la relation avec le délégué syndical a été, quant à elle, un peu plus complexe à construire.
C’est par le biais de stratégie de gestion de talents que j’ai réussi à tasser un peu l’armure.
Je voulais redonner un peu de dynamisme à l’équipe. J’ai donc trouvé un talent à chacun d’entre eux et j’ai conjugué ces talents à différents niveaux des activités de l’entreprise. Cette équipe dont les employés travaillaient ensemble depuis de nombreuses années s’est découvert des talents cachés et a appris à se connaître et à mieux se connaître.
Le délégué n’y a pas dérogé. Lui qui pensait pouvoir garder secret son talent pour ses loisirs extra professionnels s’est vu encouragé par son équipe et ses clients. Comme le reste de l’équipe, il a amorcé une nouvelle façon de travailler avec assurance et motivation.
La convention collective a été signée après une négociation sans heurt et le climat de travail a complètement changé.
Si je devais donner du crédit à un élément qui a vraiment été vecteur de succés dans cette histoire c’est l’approche homéopathique que j’ai utilisé.

Vous connaissez le principe de l’homéopathie?
Parmi les principes de l’homéopathie, je vous parlerai de ces trois aspects qui me plaisent vraiment beaucoup.
Le premier est celui de l’individualisation : avant de décider d’un traitement, l’homéopathe va considérer l’individu dans sa globalité. De manière holistique, avant même de s’intéresser au problème en soi, il va vouloir comprendre sa morphologie, son environnement et son mode de fonctionnement. Il va devoir analyser son sujet pour comprendre l’origine de son problème.
Le deuxième principe de l’homéopathie est la dilution infinitésimale. L’homéopathe va prescrire une médication infiniment diluée qui va agir sur du très long terme.
Enfin, le troisième principe est celui de la prévention. Toujours en vous analysant dans votre globalité, un homéopathe va être capable de vous prédire les maladies sur lesquelles vous allez devoir travailler en prévention si vous ne voulez pas un jour avoir à vous soigner.
Je ne suis pas une scientifique et je serai bien incapable de porter quelque jugement que ce soit sur l’aspect médical et thérapeutique de l’homéopathie.
Par contre j’adore le concept et je ne me suis pas gênée pour emprunter les principes.
Si on transpose un peu nos principes homéopathiques à la gestion d’êtres humains on retrouve les mêmes approches:
1- Mieux on va connaître une personne, dans sa personnalité, son environnement, sa culture et son mode de fonctionnement et plus il nous sera facile de communiquer et de mettre en place des stratégies pour l’amener vers une certaine productivité.
2- Plus nos interventions seront douces, lentes et résilientes et plus elles auront la chance d’avoir un impact.
3- Plus on préviendra les conflits dans notre équipe par des stratégies précises et bienfaisantes plus le climat de travail sera propice et stable.
Afin de pouvoir vous expliquer comment je rapporte ce principe homéopathique à mon mode de gestion je vais prendre un exemple très concret : J’ai un employé qui est toujours en retard. C’est chronique! Il l’était même le jour de son mariage! Ses retards engendrent problèmes d’organisation et frustrations à son équipe, qui, elle, court pour être à l’heure et ne pas débalancer tout l’horaire de la journée et de l’entreprise.
Pensez vous que de lui donner des avertissements ou des avis disciplinaires règlera le problème. Non! Ça n’a jamais fonctionné jusqu’à présent. Ni à l’école,ni chez le médecin,ni au bureau, ni nulle part!
Si je prends mon premier principe homéopathique, je vais devoir m’intéresser à savoir pourquoi il ne peut arriver à l’heure. Pour ne pas le braquer ( parce que ça fait 30 ans qu’il se fait bombarder de reproches sur ses retards) je vais, de manière informelle, lui poser des questions pour savoir où il se situe par rapport à ce problème. S’est il, depuis longtemps, rendu imperméable à toute réflexion par rapport à ces retards ou est ce un véritable problème pour lui?
Pour être capable de lui apporter une solution, je vais devoir bien saisir le problème sous tous ses aspects.
Après quelques discussions informelles pendant lesquelles que je me suis intéressée à lui, mes conclusions d’analyse du problème ont été les suivantes:
Il vient d’une famille où il n’y avait jamais vraiment d’heure et où les retards étaient systématiques quand il s’agissait d’avoir un horaire. Il a donc cette conception du temps bien ancrée en lui depuis toujours.
La seule manière dont on a essayé de le faire arriver à l’heure c’est en lui faisant des reproches, des menaces et la morale sur son non respect des autres. Il a donc développé, face à ce problème, une aversion de ceux et celles qui essayent de lui imposer ce qu’il n’arrive pas à faire. Ce phénomène vient entacher, bien au-delà des retards, ses relations avec ses supérieurs hiérarchiques. Il vit souvent beaucoup de heurts avec ses collègues et finit par développer une difficulté d’opposition face à tout changement. Il est pourtant un excellent professionnel dont la qualité du travail est irréprochable.
Il est primordial de pouvoir bien cerner le problème avant d’intervenir. Je dois ensuite gagner sa confiance en lui transmettant ce que j’ai compris de son problème.
Dans une deuxième étape, et toujours de manière informelle, je vais l’amener doucement à se projeter sur ce que la ponctualité pourrait apporter dans sa vie.
Je ne donne aucune réponse. Je ne fais que poser les bonnes questions, avec
bienveillance et solidarité.
Je suis maintenant dans une position qui me rend disponible à lui apporter mon soutien, mon conseil ou mon encadrement pour l’amener à trouver lui-même des solutions. Ces solutions, il finit par les trouver lui-même et se les approprie facilement puisqu’elles lui sont proposées par nulle autre que lui-même.
Cet employé a commencé, une fois par semaine, à utiliser une alarme pour se lever plus tôt. Il l'a, ensuite, programmé son réveil deux fois par semaine.
J’avais préalablement préparé l’équipe de travail en leur disant que je travaillais en collaboration avec leur collègue et en leur demandant de ne faire aucune remarque ni sur les retards ni sur l’éventuelle ponctualité.
Lorsqu’il a commencé à arriver à l'heure, je n'ai, moi non plus, fait aucune remarque.
Depuis cet épisode, la ponctualité de cet employé est plus régulière et continue d’évoluer.
Dans mon histoire on retrouve très clairement les deux premiers principes de la gestion homéopathique
j’ai cherché à comprendre mon employé dans sa personnalité, dans sa culture, dans son environnement et dans son histoire
Je l’ai amené doucement vers une recherche de solution qu’il a fini par trouver tout seul. Il s’est, lui-même, prescrit les petites granules homéopathiques.
Vous vous souvenez de la porte dont je vous parlais en ce début de podcast? Dans mon histoire on a essayé de forcer la porte et ça n’a rien donné. Ça a laissé des traces sur le lien de confiance par exemple.
Des entreprises ou des institutions dans lesquelles le mode de gestion est autoritaire, il y en a beaucoup. C’est un peu ce qui me motive à écrire ce blog. Je me dis que sii je peux convaincre un ou deux gestionnaires de la sérénité de la gestion homéopathique, je serai la Majka la plus heureuse de ce monde.
Plus vous serez bienveillant, plus vous ferez preuve de leadership et plus vous appliquerez vos stratégies de manière homéopathique. Plus efficace vous serez dans votre gestion. Aucune gestion ne vous fera plus peur. Vous avez plein d’outils!
Des secrets, j’en ai encore plein à vous partager. Alors on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau post de “tout gérer”. Suivez-moi, aimez-moi, abonnez-vous…je suis là pour vous. Au plaisir de vous retrouver.
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